Culture

L'histoire du travail des enfants en Suisse expliquée à Zurich

17.12.2025 16h37

L'histoire du travail des enfants en Suisse expliquée à Zurich

Jusqu’en 1981, les autorités ont enlevé des dizaines de milliers d'enfants à leurs familles. Ces enfants ont été placés dans des fermes ou dans des foyers, établissements fermés et maisons de redressement, contraints au travail forcé. Beaucoup ont été victimes d’abus sexuels.

Photo: KEYSTONE/ANDREAS BECKER

L'histoire du travail des enfants en Suisse est présentée jusqu'au 20 avril au Musée national de Zurich. De l'agriculture à l'industrie textile, le public peut en suivre l'évolution ces derniers siècles et se confronter à cette réalité encore actuelle dans le monde.

Intitulée 'Nés de la misère. Les enfants au travail', l'exposition visible dès vendredi montre comment les enfants devaient travailler dans les champs, à la maison ou dans des institutions, et comment la perception de leur mise à contribution a évolué au sein de la société. Elle rend aussi hommage aux personnes qui se sont engagées pour leur instruction et leur protection, écrit le Musée national mercredi.

En Suisse, le travail des enfants faisait déjà partie intégrante du quotidien avant l’ère industrielle. Elle ne se réduisait pas à une forme d'exploitation. Elle leur apportait aussi de l'autonomie et les incitait à prendre des responsabilités. Lorsque les revenus des parents ne suffisaient pas, garçons et filles devaient contribuer à la subsistance de la famille, en aidant aux tâches ménagères, à la ferme ou dans le cadre du travail à domicile.

Méfaits de la révolution industrielle

Leur exploitation n'a fait que croître à partir de la révolution industrielle. Des enfants âgés parfois d’à peine 6 ans étaient employés dans des conditions dangereuses, souvent jusqu’à 16 heures par jour, dans d’étouffantes usines textiles, dans des ateliers de bobinage et de tissage, dans des soieries ou encore dans les imprimeries glaronnaises sur étoffes.

Il a fallu attendre la loi sur les fabriques de 1877 pour que le travail des enfants de moins de 14 ans soit interdit et que la journée ordinaire soit limitée à onze heures. L’introduction de l’école obligatoire en 1874 a constitué une étape majeure vers une nouvelle conception de l’enfance, non plus liée à la précarité économique, mais axée sur l’éducation et le développement.

Jusqu’au 20e siècle pourtant, des enfants issus de familles pauvres travaillaient encore dans les foyers de tiers, envoyés en Italie comme ramoneur ou dans le sud de l'Allemagne comme main-d'oeuvre agricole bon marché. D'autres faisaient l’objet de placements extrafamiliaux sur décision des autorités.

Regard sur la réalité actuelle

L’exposition se termine par un regard sur le présent, en invitant à réfléchir à la pauvreté, la responsabilité et la valeur de l’enfance. Une statue de la Justice vêtue d’une cape de Superman rappelle la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la Suisse en 1997.

Dans le monde entier, des millions d’enfants travaillent encore dans des mines, des plantations de cacao ou des usines textiles. En Suisse, des jeunes issus de milieux défavorisés doivent encore contribuer aux revenus familiaux ou remettre à leurs parents l’intégralité de leur salaire d’apprenti.

/ATS